** Oulad Si Ben Daoud chorfa de la Chaouia, Maroc **
  Settat et les juifs
 

Rapport émet par un juif au 03/01/1910:

Settat est une petite localité de 6.000 âmes, située à 78 kilomètres au sud de Casablanca, distance que l'on parcourt généralement en deux étapes.

La ville présente plutôt l'aspect d'un gros village en ruines ; la vie ne doit pas y être très animée et, sans la garnison française, le séjour y serait quelque peu morne. Par contre, les environs sont très riches, très boisés ; le climat y est des plus sains et la source abondante qui jaillit en ville même et tout près du mellah, fournit une eau légère, limpide et digestive.

D'ailleurs les officiers français qui président en ce moment aux destinées de Settat font preuve d'une très grande activité. Ils veillent à la propreté de la ville et ne négligent aucune mesure pouvant contribuer à l'amélioration de son état sanitaire.

La population israélite de Settat s'élève, d'après le recensement auquel j'ai fait procéder, à 685 âmes. Cette population comprend deux groupes : les israélites originaires de Settat dont quelques uns font le commerce de grains, de peaux, de laines, de bestiaux et dont la plupart sont colporteurs, épiciers ou merciers et les schleuhs, israélites montagnards descendant des tribus hébraïques qui auraient émigré au Maroc longtemps avant l'avènement du christianisme et qui, ayant adopté la vie nomade des berbères, se sont pour ainsi dire fusionnés avec eux et leur ont emprunté leurs coutumes, leurs mœurs et jusqu'à leur langue.
 

Les schleuhs sont bouchers ou fermiers ; leur établissement à Settat ne date que d'une trentaine d'années.

La population israélite était plus dense à Settat avant le pillage de la ville par les Mzamza, en 1903. Deux cent familles y vivaient dans une situation très prospère. A la suite de ces troubles, un grand nombre d'entre elles quittèrent la ville, les unes provisoirement, les autres définitivement, pour s'établir à Casablanca, à Mazagan ou à Rabat.

Les israélites de Settat sont très attachés à leur religion et en observent rigoureusement toutes les pratiques, les israélites indigènes parlent l'arabe qui est leur langue maternelle, les schleuhs parlent le chilha.

Les deux groupes d'israélites sont, pour ainsi dire, parqués dans deux mellahs séparés par une large rue.

Le mellah des israélites indigènes qui est le plus vaste, me parait également le mieux entretenu ; tous les deux présentent l'aspect d'une grande cour dans laquelle on a élevé, sans le moindre souci de symétrie, des pâtés de maisons. Les schleuhs habitent dans des huttes ou des chaumières.

Nos coreligionnaires vénèrent et visitent souvent le prétendu tombeau de R. Simon Ben Yokhaï, auquel on attribue le pouvoir de guérir les malades et d'exaucer les vœux des jeunes femmes aspirant à la maternité. La bigamie est interdite parmi eux ; les hommes se marient à partir de 17 ans, les filles à l'âge de 11 ou 12 ans.

Votre école de Settat comptera une centaine d'élèves non compris les enfants des familles catholiques qui demanderaient certainement à s'y faire admettre.


 
 
 
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