7 décembre 1955
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Au lendemain du retour du roi (à ce moment-là encore
sultan), trois forces vont s'opposer : le trône, la résistance et l'Istiqlal.
Mohammed V indique vouloir instaurer une monarche constitutionnelle basée sur la séparation des pouvoirs quand les conditions permettant une libre consultation populaire seront réunies. Un conseil national consultatif sous la présidence de Ben Barka est créé et siège au pavillon de la
musique du palais de la Mamounia de Rabat. Tous ses membres sont nommés par le sultan.
Le 1er gouvernement du Maroc indépendant est présidé par M'Barek Bekkaï, ancien officier de l'armée française d'origine Berbère, ancien pacha de Sefrou qui s'était opposé à la déposition de Mohammed V. La féodalité rurale ainsi que le parti de la choura (PDI) de Mohamed Belhassan Ouazzani sont bien représentés dans ce gouvernement, tandis que les partisans de l'Istiqlal n'ont que des postes secondaires.
Allal El Fassi qui se trouve encore au Caire ne participe pas à ce gouvernement.
Ce gouvernement démissionnera le 27 Octobre 1956.
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2 mars 1956
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Signature à Paris de l'accord mettant fin au protectorat Français sur le Maroc et au Traité de Fès du 30 Mars
1912.
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7 Avril 1956
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Le protectorat Espagnol sur la Zone Nord est abrogé et le Maroc récupère les territorires occupés sauf un certain nombres d'enclaves (CEUTA et MELILLA au nord et Ifni et Tarfaya au sud) et les possessions Espagnoles du Sahara (Rio de Oro).
La zone Nord est stratégique, car elle est le siège de la plus importante organisation armée résistante, l'Armée de Libération nationale (ALN). Un des ses chefs, Abdelkhaleq Torres, après avoir lutté les armes à la main contre les Espagnols sera nommé Ambassadeur du Maroc à Madrid.
Il sera par la suite déplacé comme Ambassadeur en Egypte.
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Avril 1956
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L’administration encore en place.
Seuls, l’Istiqlal (100.000 militants) et le tout récent syndicat de l’UMT (200.000 militants) de Mahjoub Ben Seddik sont réellement structurés à travers le pays.
L’Istiqlal, de fait, remplit la tâche qui incombe au Ministère de l’Intérieur : il sécurise le territoire et récupére
les résistants qui n'ont pas encore déposé les armes. L'insécurité dans les villes et campagnes est grande, les règlements de compte entre les membres de l'Istiqlal, du Croissant Noir du Parti communiste marocain, et du PDI notamment, se multiplient : pour y mettre fin, le Prince Moulay Hassan est chargé par le Roi de créer et d'organiser les Forces Armées Royales (FAR) qui prennent pour devise : "Dieu, la Patrie, le Roi".
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14 mai 1956
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1er défilé des FAR à Rabat. Aidé de Mohammed Oufkir, ancien officier de l'armée française, le Prince a constitué une armée de 15.000 hommes intégrant d'anciens goumiers et tirailleurs de l'armée française ainsi que des mhallas de l'armée espagnole, des officiers de l'armée coloniale (plus de 400) et des soldats ralliés de l'ALN.
Quelques bataillons d'artillerie de Rabat (Ismaël) et Marrakech, quelques blindés, et une aviation très limitée complètent les effectifs. Les généraux Kettani et Meziane (ancien général de l'armée espagnole) encadrent les soldats.
Les dirigeants de l'ALN sont divisés sur l'intégration de l'Armée de Libération au sein des FAR. De nombreux chefs de l'armée de libération s'indignent que les troupes françaises soient encore autorisées à stationner sur le territoire marocain alors que l'armée française ést en guerre contre le FLN Algérien.
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29 Mai 1956
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La branche Nord de l'Armée de Libération la plus puissante, décide de rejoindre les FAR (5000 hommes sur 10000 au total). La branche Sud décide elle, de continuer le combat contre les forces coloniales.
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27 juin 1956
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Abbas Messaadi, un des chefs de l'ALN, commandant des forces du Rif, qui s'était opposé violemment à Ben Barka parce qu'il ne voulait pas se soumettre à l'emprise de l'Istiqlal est assassiné à Fès.
Ben Barka et le fquih Basri, chefs de file de l'aile progressiste de l'Istiqlal, sont "soupçonnés" par leurs adversaires politiques d'avoir commandité l'élimination de Messaadi.
Les autres partis ou constituantes de la résistance (PDI, parti communiste, A.L.M.) dénoncent l'hégémonie du parti (l'Istiqlal) et son impitoyable politique de répression .
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Août 1956
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Allal El Fassi, rentré au pays, devient Président de l'Istiqlal : il réclame la libération des territoires du
Sahara Espagnol, de la Mauritanie ainsi que des territoires annexés à l'Algérie par la France. Il soutient l'ALN qui combat les troupes françaises dans le Sud.
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22 Octobre 1956
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L'avion qui transporte Ben Bella à Tunis est arraisonné en vol par la France. Ben Bella est emprisonné : la
position de l'ALN proche du FLN se radicalise, certains de ses membres souhaitent une intervention du Maroc dans le conflit. De violentes manifestations anti-françaises ont lieu à Meknès qui font plusieurs dizaines de morts.
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27 octobre 1956
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Sous la pression de l'Istiqlal qui demande un cabinet plus homogène et plus représentatif, M'Barek Bekkaï remanie le gouvernement : l'Istiqlal obtient 10 sièges sur 16, les portefeuilles de l'Intérieur et des Affaires Etrangères et l'élimination des ministres du PDI.
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29 Octobre 1956
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Le statut international de la Ville de Tanger est aboli.
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Janvier 1957
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Le pouvoir en place doit faire face à une rebellion du caïd Addi Ou Bihi du Tafilalet : les FAR nouvellement
constitués obtiennent facilement, sans combattre, la reddition des 40.000 rebelles qui rendent les armes.
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Janvier 1957
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Création de l'UNEM (Union Nationale des Etudiants Marocains) avec, pour fondement, quatre grands principes : unification, généralisation de l'enseignement, marocanisation et arabisation.
L'UNEM se situe d'emblée à l'aile gauche de l'Isitqlal sous la tutelle de Ben Barka.
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9 juillet 1957
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Le jour de ses vingt huit ans, le prince Moulay Hassan est investi par dahir du même jour du titre de Prince héritier.
La régle séculaire marocaine excluant toute succesison automatique au trône par primogéniture est ainsi rompue.
Le Conseil National Constitutif présidé par Ben Barka avait pris une résolution favorable à ce dahir.
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15 Août 1957
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Le sultan Mohammed Ben Youssef se fait couronner roi sous le nom de Mohammed V.
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Eté 1957
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La mise en oeuvre par Ben Barka d'un vaste chantier de jeunesse, selon un mode socialiste à
la chinoise, "la route de l'unité", qui occupe 12.000 jeunes pour la construction d'une route entre Fès et la méditerranée, inquiète la bourgeoisie conservatrice marocaine, qui y voit la tentative d'instauration d'une sociale-monarchie.
Le chantier dura 3 mois et ouvrit une route depuis Taounate jusquà Ketama, soit une longueur de 65
kilomètres au cœur du Rif. Il s'agit de l'actuelle N8.
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Octobre 1957
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L'armée de libération du Sud renforcée par des éléments de l'armée du Nord qui n'ont pas voulu rendre les armes et par quelques tribus sahraouies mènent des opérations de guerilla contre les troupes de Franco et font quelques incursions en Mauritanie sous contrôle français. La France confrontée à la guerre d'indépendance en Algérie souhaite faire cesser ces troubles. Elle obtient la passivité du gouvernement marocain qui n'avait pas les moyens d'une guerre contre les anciennes puissances coloniales. Par l'opération Ecouvillon, qui va utiliser 15.000 hommes ainsi que des blindés et l'aviation,la France et l'Espagne de Franco déciment l'armée de libération du Sud.
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Novembre 1957
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La Mauritanie devient république autonome et ses territoires ne pourront plus être intégrés au Royaume du
Maroc.
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Mai 1958
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Ahmed Balafrej est nommé 1er ministre. Majoritairement Istiqlalien, l'aile monarchiste et conservatrice est nettement mieux représentée que la gauche présente seulement avec Bouabid.
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Décembre 1958
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La pression populaire étant de plus en plus forte,
Mohammed V nomme un représentant de l'aile gauche de l'Istiqlal à la tête du
gouvernement.
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Janvier 1959
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Sous l'impulsion des leaders Mahjoubi Aherdane et Abderrahmane Khetabib pourtant dévoués à la cause royale, une insurrection populaire dirigée contre le pouvoir en place se déclenche dans le Rif et le Moyen Atlas à l'occasion du transfert de la dépouille de Abbes Messaadi.
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11 janvier 1959
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Le congrès de l'Istiqlal qui devait avoir lieu le jour anniversaire de la publication du Manifeste est reporté.
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16 janvier 1959
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Après 10 jours de combats très violents qui font plusieurs milliers de morts, Ibrahim et le Prince Moulay Hassa entrent dans Al Hoceima. Les insurgés se soumettent. Aherdane et Khatib font allégeance au Roi et créent le Mouvement Populaire (MP), parti rural et berbériste.
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25 Janvier 1959
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Ben Barka démissionne du comité exécutif de l'Istiqlal.
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27 janvier 1959
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Allal El Fassi fait exclure 7 militants des plus hautes instances dont Ben Barka, Benseddik, le fqui Basri.
Ibrahim le nouveau 1er ministre est maintenu ainsi que Bouabid.
De son côté Ben Barka fédère les fédérations régionales dissidentes en une confédération nationale de 'Istiqlal. Ce n'est que le 6 septembre 1959 que ces comités donneront naissance à l'UNFP - Union Nationale
des Forces Populaires. Ce parti obtiendra tout de suite l'adhésion des jeunes.
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1959
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Ibrahim et Bouabid sont confrontés à une situation économique catastrophique : deux tiers des actifs travaillent dans l'agriculture qui ne fournit qu'un tiers du P.I.B., une industrie lourde inexistante, un pays dépendant presque entièrement pour ses échanges extérieurs de la zone franc, une fuite massive des
capitaux.
Ibrahim lance un 1er plan biennal pour tenter de sortir le pays du sous-développement, soumet une réforme agraire, crée le dirham pour remplacer le franc marocain, nationalise la Banque d'Etat du
Maroc et supprime le privilège de libre convertibilité.
Les résultats tardent à venir et l'économie se dégradent lentement.
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Décembre 1959
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Le fqih Basri et Abderrahman Youssefi, membres de l'UNFP nouvellement créé, sont arrêtés et placés en détention en raison de leur qualité de directeur et rédacteur en chef du quotidien du parti At-Tahir (Libération), pour la publication d'un article offensant le roi. Cela provoque la fuite de Ben Barka en Allemagne.
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13 février 1960
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La Direction de la Sûreté annonce la découverte d'un complot contre le prince héritier Moulay Hassan. Il aurait été commandité depuis sa cellule par le fqih Basri, aidés par d'anciens résistants et Ben Barka. Tous les prisonniers seront amnistiés quelques mois plus tard.
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29 février 1960
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A 23h 40'15" un tremblement de terre d'une durée de 15 secondes et d'une magnitude de 6,7 sur l'échelle de Richter frappe Agadir.
Les quartiers de Founti, Talbordj, Yachech et la Kasbah
sont détruits à 90-95%, la ville nouvelle à 50%. (photo tirée du site
Le nombre de victimes est estimé entre 12.000 et 15.000
personnes.
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27 mai 1960
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Après des élections consulaires triomphales pour la gauche, le pouvoir royal décide de mettre fin au
gouvernement Ibrahim dont la politique économique déplaisait fortement au milieu
conservateur et à la France.
Ibrahim et Bouabid ne font plus partie du nouveau gouvernement, mais la gauche est encore bien représentée.
Mohammed V se désigne président du Conseil.
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30 mai 1960
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Les élections municipales, premières élections générales depuis l'indépendance, sont gagnées par l'Istiqlal et l'UNFP qui obtiennent à eux deux 63% des voix. L'UNFP est représentée surtout dans les grandes villes et l'Istiqlal dans les campagnes. Mais le rôle politique des conseils municipaux est faible puisqu'ils n'ont qu'un pouvoir consultatif.
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5 Août 1960
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Mohammed V reçoit à Rabat le 1er ministre Congolais Patrice Lumumba.
Le souverain Marocain manifeste son soutien à la politique anti-impérialiste menée par le leader congolais.
Ce dernier sera destitué quelques semaines plus tard, et emprisonné puis assassiné.
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Novembre 1960
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Allal El Fassi se voit confier la présidence d'un conseil constitutionnel avec la charge de préparer la rédaction d'un projet de constitution.
Le départ des troupes étrangères et la politique
anti-impériailiste du souverain satisfait le parti de
l'Istiqlal.
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Janvier 1961
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A Casablanca se tient la conférence des Pays Africains en vue de la crétion de l'Unité Africaine.
Mohammed V range le Maroc du côté des pays progressistes opposés à l'alignement sur l'Occident et au
colonialisme.
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26 février 1961
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Le Roi Mohammed V meurt sur la table d'opération de la clinique du palais à Rabat, à la suite d'une banale intervention chirurgicale de la cloison nasale pratiquée par un chirurgien Suisse.
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